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© Eve Pietruschi / galerie Maud Barral
Ève Pietruschi, Traversée.
Livre d’artiste. Ève Pietruschi / galerie Maud Barral, Nice, octobre 2011. Série de 3 éditions limitées à 3 exemplaires, datées et signées. Portfolio comprenant 8 photographies, une oeuvre originale et un texte de Rébecca François.
et sur http://evepietruschi.blogspot.fr/p/edition-livre-d-artiste-traversee-2011.html.
Cette série de captations photographiques donne un aperçu des pérégrinations de l’artiste. Feuilleter devient ici voyager, mais comme en voiture où les paysages aux airs de « déjà-vu » filent et les émotions restent. Voyageante plus que voyageuse, Ève Pietruschi préfère la prospection à la destination. Son regard photographie des espaces-temps, des contextes de perception, des zones en mutation. Ces transformations, saisies par l’intermédiaire de relevés photographiques, serviront à la création de paysages et de territoires mémoriels. Les instantanés n’ont donc pas de finalité en soi, ils ne constituent pas une œuvre en tant que telle, ils sont tout au plus une matière première à un travail plastique, une sorte de base de données visuelles. Alors pourquoi réaliser une édition de photographies si on ne se considère pas comme photographe ? Pourquoi explorer la potentialité plastique de ces tirages ? Regrouper, c’est questionner par mise en relation, par association, c’est tenter de former un tout cohérent. Dans cet échantillonnage, certaines photographies ont déjà servi, d’autres serviront à d’éventuels dessins. Ce regroupement offre ainsi un nouveau regard sur ce matériau, ouvre un autre champ de possibles, exprime un devenir, un potentiel.
Les paysages architecturaux « sans qualités » ponctuent nos trajets en périphérie des villes ou à la campagne sans que nous leur apportons un intérêt quelconque. Dépossédés de leur fonction, vestiges d’un temps qui n’est plus ou marques d’une certaine décadence, les constructions qu’Ève Pietruschi photographie semblent vouer à disparaître aussi bien du paysage que de la mémoire collective. Utilitaires et ordinaires, ces bâtiments -entrepôts, usines ou serres…-, ont été désertés et l’artiste invite le spectateur à les réévaluer. Car c’est seulement par le regardeur qu’une renaissance est possible. Ève Pietruschi demeure dans la simple évocation d’un possible changement. A l’image du caractère évanescent de ses oeuvres, elle n’impose rien et préfère livrer de banales photographies comme autant de cartes à jouer offertes au lecteur. Ève Pietruschi est une regardeuse de choses délaissées, une exploratrice d’interstices, et ce recueil restitue un peu de son univers.
En regard de ces tirages, une oeuvre exprime ce glissement : un simple report, extrait de l’une des photographies présente dans le portfolio, rehaussé parfois de feutre ; un vestige d’un moment traversé ; un résidu mémoriel. D’espaces indéterminés à la neutralité photographique, nous voilà face à une transposition vibrante et évocatrice, riche en réminiscences. Une rétroaction s’opère. Ève Pietruschi photographie comme elle dessine et dessine à partir de ses photographies rejouant le processus même de la mémoire fait de la collision de moments passés, présents et futurs, existants ou absents. Il faut oublier pour se souvenir et se souvenir pour se projeter. Mais l’amnésie demeure constante. De la mémoire dépend la survie des architectures dans un contexte donné. C’est pourquoi avec la puissance eidétique des paysages, l’arpenteuse-expérimentatrice débute ici son Atlas mnémosyne.
Livre d’artiste. Ève Pietruschi / galerie Maud Barral, Nice, octobre 2011. Série de 3 éditions limitées à 3 exemplaires, datées et signées. Portfolio comprenant 8 photographies, une oeuvre originale et un texte de Rébecca François.
et sur http://evepietruschi.blogspot.fr/p/edition-livre-d-artiste-traversee-2011.html.
Cette série de captations photographiques donne un aperçu des pérégrinations de l’artiste. Feuilleter devient ici voyager, mais comme en voiture où les paysages aux airs de « déjà-vu » filent et les émotions restent. Voyageante plus que voyageuse, Ève Pietruschi préfère la prospection à la destination. Son regard photographie des espaces-temps, des contextes de perception, des zones en mutation. Ces transformations, saisies par l’intermédiaire de relevés photographiques, serviront à la création de paysages et de territoires mémoriels. Les instantanés n’ont donc pas de finalité en soi, ils ne constituent pas une œuvre en tant que telle, ils sont tout au plus une matière première à un travail plastique, une sorte de base de données visuelles. Alors pourquoi réaliser une édition de photographies si on ne se considère pas comme photographe ? Pourquoi explorer la potentialité plastique de ces tirages ? Regrouper, c’est questionner par mise en relation, par association, c’est tenter de former un tout cohérent. Dans cet échantillonnage, certaines photographies ont déjà servi, d’autres serviront à d’éventuels dessins. Ce regroupement offre ainsi un nouveau regard sur ce matériau, ouvre un autre champ de possibles, exprime un devenir, un potentiel.
Les paysages architecturaux « sans qualités » ponctuent nos trajets en périphérie des villes ou à la campagne sans que nous leur apportons un intérêt quelconque. Dépossédés de leur fonction, vestiges d’un temps qui n’est plus ou marques d’une certaine décadence, les constructions qu’Ève Pietruschi photographie semblent vouer à disparaître aussi bien du paysage que de la mémoire collective. Utilitaires et ordinaires, ces bâtiments -entrepôts, usines ou serres…-, ont été désertés et l’artiste invite le spectateur à les réévaluer. Car c’est seulement par le regardeur qu’une renaissance est possible. Ève Pietruschi demeure dans la simple évocation d’un possible changement. A l’image du caractère évanescent de ses oeuvres, elle n’impose rien et préfère livrer de banales photographies comme autant de cartes à jouer offertes au lecteur. Ève Pietruschi est une regardeuse de choses délaissées, une exploratrice d’interstices, et ce recueil restitue un peu de son univers.
En regard de ces tirages, une oeuvre exprime ce glissement : un simple report, extrait de l’une des photographies présente dans le portfolio, rehaussé parfois de feutre ; un vestige d’un moment traversé ; un résidu mémoriel. D’espaces indéterminés à la neutralité photographique, nous voilà face à une transposition vibrante et évocatrice, riche en réminiscences. Une rétroaction s’opère. Ève Pietruschi photographie comme elle dessine et dessine à partir de ses photographies rejouant le processus même de la mémoire fait de la collision de moments passés, présents et futurs, existants ou absents. Il faut oublier pour se souvenir et se souvenir pour se projeter. Mais l’amnésie demeure constante. De la mémoire dépend la survie des architectures dans un contexte donné. C’est pourquoi avec la puissance eidétique des paysages, l’arpenteuse-expérimentatrice débute ici son Atlas mnémosyne.