Flyer de l'exposition L'Illumination de la terre par le soleil, proposition de salle d'attente pour l'Agence Caisse d’Épargne Masséna, 1er avril - 2 juillet 2017, avec Marion Catusse, Natacha Lesueur, Collectif Manuel, Florent Mattei, Jérémie Paul, Emmanuel Régent, Mathieu Schmitt, Julie Sonhalder. Un projet d' ENTRE I DEUX mené avec Lélia Decourt
ENTRE I DEUX se définit comme un programme d’expositions et d’évènements mené entre deux commissaires d’expositions. Le projet s’attache à des espaces non dévolus à la présentation d’oeuvres d’art en vue de créer des interstices dans le quotidien avec la complicité d’artistes de différentes générations, reconnus ou émergents. ENTRE I DEUX s’infiltre à Nice dans l’agence Caisse d’Épargne Masséna pour susciter l’inattendu, la curiosité et l’échange. Détournant le classique «chaises en enfilade, affiches décoratives et journaux people», les salles d’attente proposées invitent à prendre le temps et à occuper l’espace autrement.
S’émerveiller devant le fait que la terre est illuminée par le soleil comme devant une oeuvre d’art débute dans l’observation attentive de détails inframinces. À y regarder de plus près, L’ILLUMINATION DE LA TERRE PAR LE SOLEIL décrit des trajectoires inattendues. Une rafle de raisins recouverte d’or prend l’apparence d’un beau bijou ou d’une précieuse vanité. Des plantes vertes génèrent des ambiances lumineuses ou des courts poèmes (haïkus) défilant sur des rouleaux de caisse automatique, grâce à des capteurs électroniques. Une peinture sur soie s’agrippe à une branche d’arbre tel un appel au large (de la peinture et du monde). Des minéraux, coquillages et ossements composent un cabinet de curiosités miniature perturbant les classifications naturalistes par des rehauts aux allures de cellules souches humaines.
Dès lors, ce décor instille un sentiment d’étrangeté. Des portraits photographiques aux mises en scène dissonantes font éloge du maquillage et du travestissement. Être et paraître, beau et laid, naturel et artificiel, attirance et répulsion fusionnent et interrogent la perception. Un magazine sur le bijou et l’ornement de parade révèle un art hybride, pop et surréaliste connecté à l’artisanat, à la science et à la mode. Des feuilles de palmes en terre cuite disposées au sol sur de la pouzzolane ou des assises de rondins de bois ornées de motifs décoratifs en trompe-l’oeil fonctionnent comme des simulacres de nature conviant à faire une pause.
Le grésillement des hachures à l’encre noire de dessins de paysages poétiques émergeant de la feuille blanche du papier invite également à la divagation. Cependant derrière le romantisme des ruines, le ravage des guerres contemporaines se profile et la beauté des paysages renvoie à l’appel lancé par le néant. Ici, les images semblent toujours réversibles. Devant un décor bucolique et anachronique, des portraits en pied d’hommes et de femmes d’aujourd’hui recouverts de poussière manifestent l’intemporelle tragédie des expatriés.
L’ILLUMINATION DE LA TERRE PAR LE SOLEIL offre ainsi un entre-deux qui interroge notre regard sur les choses, la nature et le monde.