Flyer de l'exposition La grande Illusion , proposition de salle d'attente pour l'Agence Caisse d’Épargne Masséna, 21 octobre 2017 au 12 janvier 2018, avec David Ancelin, Nicolas Desplats, Julie Kieffer, Ludovic Lignon, Pascal Pinaud, Jean-Philippe Roubaud, Xavier Theunis. Un projet d' ENTRE I DEUX mené avec Lélia Decourt
ENTRE I DEUX se définit comme un programme d’expositions et d’évènements mené entre deux commissaires d’expositions. Le projet s’attache à des espaces non dévolus à la présentation d’oeuvres d’art en vue de créer des interstices dans le quotidien avec la complicité d’artistes de différentes générations, reconnus ou émergents. ENTRE I DEUX s’infiltre à Nice dans l’agence Caisse d’Épargne Masséna pour susciter l’inattendu, la curiosité et l’échange. Détournant le classique «chaises en enfilade, affiches décoratives et journaux people», les salles d’attente proposées invitent à prendre le temps et à occuper l’espace autrement.
Et si la salle d’attente était une affaire de faux-décor ? Quelque fois agrémentée de papiers peints offrant une échappée sur un paysage idyllique ou bucolique, la salle d’attente devient une fenêtre ouverte vers un extérieur inatteignable. Ici, dans la tradition des dioramas et des trompe-l’oeil, les intérieurs avec vues se multiplient et décrivent les liens entre l’art contemporain et le décoratif.
Une série de dessins révèle la dimension picturale qui se niche dans le quotidien. Une lingette anti-décoloration, des tests de couleurs de carrossiers ou le dos d’un puzzle fonctionnent comme des ‘‘morceaux de peinture’’. Ils se détachent du fond rouge où le logo bancaire apparait comme un motif ornemental. Une installation précaire et poétique dessine un paysage en suspens. Elle prend ses sources dans l’univers domestique comme ce demi-cercle rouge évoquant une scène matinale.
Les sculptures minimalistes aux allures de cheminée ou de vase totémique jouent sur les frontières entre l’art, l’architecture et le design. Cette scène d’intérieur est agrémentée de natures mortes réalisées au graphite. Truffés de détails iconographiques et symboliques, les dessins décrivent l’impermanence et la relativité de toute chose, tel un memento mori. En face, un dispositif de mesure, Veille statistique physique, permet de faire l’expérience du hasard physique. Le comptage statistique forme une fluctuation sans cesse renouvelée et unique, à contempler comme un tableau, dans la matière, l’espace et le temps.
Dans un monde des apparences où tout n’est que leurre et illusion, un décor psychédélique émerge autour de l’univers du balnéaire : papier peint aux motifs de bouées de sauvetage, splash abyssal, amphore ornée d’une palme de plongée transportent le spectateur du désir amoureux au naufrage. L’agrandissement d’un paysage dupliqué par un effet miroir décale l’image de carte postale des années 1950 dans le champ de la peinture contemplative.
Une photographie d’une fenêtre bouchée par des parpaings contredit la notion de veduta (de l’italien « vue »). Cependant, le trompe-l’oeil opère et questionne l’illusionnisme pictural. La photographie interroge la nature même du médium et renvoie à un décor emprisonné dans l’espace bidimensionnel. Des palissades de papier singeant les grandes idéologies du XXe siècle mettent en abyme la fin des illusions modernes. Ici pas d’évasion possible, LA GRANDE ILLUSION atteint son paroxysme ; elle ne trompe plus.
Le projet s’attache à des espaces non dévolus à la présentation d’œuvres d’art en vue de créer des interstices dans le quotidien avec la complicité d’artistes de différentes générations, reconnus ou émergents. ENTRE I DEUX s’infiltre à Nice dans l’agence Caisse d’Épargne Masséna pour susciter l’inattendu, la curiosité et l’échange. Détournant le classique «chaises en enfilade, affiches décoratives et journaux people», les salles d’attente proposées invitent à prendre le temps et à occuper l’espace autrement. Après une évocation du naturel et de l’artificiel puis une invitation à un voyage immobile, ENTRE I DEUX aborde la question de l’illusionnisme.