Dans son essai « L’éloge du cœur », Déborah Laks montre en quoi l’amitié est chez Spoerri « une clef essentielle de compréhension de sa démarche et de son œuvre »[1]. Si Daniel Spoerri a dû fuir la Roumanie pour la Suisse avec sa mère et sa fratrie, il n’a de cesse tout au long de sa carrière de voyager et de déménager (Bern, Paris, Darmstadt, New York, Symi, Düsseldorf, Bâle, Cologne, Seggiano, Vienne…). Sa patrie, ce sont ses amis : Jean Tinguely, Dieter Roth, Bernard Luginbühl, Robert Filliou... Cette propension à l’amitié lui offre l’opportunité de créer des projets collaboratifs d’éditions, d’expositions, de festivals, de jardins, de boutiques, de restaurants, de musées.
À l’inverse, Ben Vautier, originaire de Naples, arrive à Nice avec sa mère en 1949, après dix années de voyages (Suisse, Turquie, Égypte, Italie). Multipliant les voyages, les échanges et les rencontres, il décide de faire de Nice, le centre de son monde artistique et personnel. Il invite de nombreuses personnalités à créer des gestes, des performances, des débats et des expositions à Nice, dans son Magasin ou sa maison ou tout simplement dans la rue et sur la Promenade des Anglais[2]. Dans une dialectique locale/internationale, il favorise les collaborations, dialogues et transmissions d’informations.
Ben tout comme Spoerri créent leurs propres réseaux, événements et revues, leurs propres lieux, projets collaboratifs et expositions collectives. Citoyens du monde, polyglottes et autodidactes, tous deux partagent ce goût de l’altérité, cette nécessité de dialogue, de débat, de confrontation artistique au-delà des chapelles, des notoriétés, des générations, des hiérarchies, avec un attachement tout particulier aux minorités et aux marginaux. Proche de Fluxus, ils incarnent, chacun à leur manière, ce vent de liberté et cet esprit d’ouverture qui va insuffler avec mai 68. Ils prônent ainsi la participation active/dynamique, la réappropriation/réactivation, la collaboration. L’art de l’assemblage et de l’accumulation d’objets de seconde main, l’importance du dérisoire et du hasard, le goût des mots et des événements rassembleurs et festifs rapprochent ces deux hommes aux caractères bien trempés et biens différents.
Daniel Spoerri et Ben Vautier sont des artistes qui placent au cœur de leur vie et de leur œuvre leurs interactions avec la vie quotidienne et avec le monde (humain et non-humain, vivant et non vivant) avec comme étendard l’anecdote (le contexte, la petite histoire par rapport à la grande histoire, le récit conté, imaginé, rendant inextricable le vrai du faux) pour l’un et son égo (la force et le paradoxe de l’artiste) pour l’autre.
L’histoire de leur trajectoire commune débute à l’été 1961 alors que Spoerri réside quinze jours dans l’appartement de Ben à Nice et y réalise deux œuvres collaboratives évoquant le travail de création artistique.
Le 23 août, Daniel Spoerri enregistre avec son magnétophone, d’abord à l’insu de tou.tes, une conversation sur l’intention d’une œuvre qu’il nomme « Pièce-Piège » : une transcription du tableau-piège dans le monde du théâtre. La scène se déroule dans la cuisine de Ben ; la compagne de Spoerri, Kichka Baticheff, est présente et comprend très rapidement le jeu de Spoerri, tente de le faire démasquer à plusieurs reprises. Cette captation sonore d’une discussion ordinaire sur un projet de création va être retranscrite et rejouée telle quelle au théâtre de Ulm sous le titre Bien maman on va faire ça. Elle est ensuite reprise dans une émission radiophonique totalement loufoque sur France Culture en 1972 où elle est interprétée par des comédiens, puis rejouée, commentée et re-anecdotée par nos deux protagonistes en direct.
Spoerri réalise également lors de ce séjour niçois un Tableau-Piège plus classique mais tout autant significatif. La Table de Ben saisit un morceau de réalité et donne à voir les à-côtés de la création, l’espace de travail, de recherche. Très proche dans son esthétique et sa sobriété de la série « Foires aux puces » plus que de l’univers de Ben, cette œuvre évoque une autre anecdote. La même année, Alberto Giacometti aurait dit à Daniel Spoerri « Eh oui, c'est sur ma table, au beau milieu d'un désordre, que mes sculptures me plaisent le mieux ; dans les expositions, sur des socles, elles me paraissent si nues, si vides de sens[3] ». L’importance du contexte, de l’environnement se cristallise ainsi dès 1961. En janvier 1990, trente ans après la réalisation de cette première table de travail, Spoerri réalise une trentaine d’établis d’artistes en vue de l’exposition « Palettes d’artistes ». La Palette de Ben est créée à cette occasion. On y retrouve tout l’univers de Ben, son bric-à-brac d’objets accumulés, ses écritures blanches sur fond noir, ses jeux de mots. Entre 1961 et 1990, d’autres Tableaux-Pièges réalisés sur « Brevet de garantie » saisiront les activités de Ben dans son atelier.
La constellation Spoerri-Vautier se dessine ainsi dans un rapport à la mise en scène de ce qui entoure l’artiste et l’acte de création. Tous deux vont d’ailleurs performer cette question de la représentation de l’artiste au travail. Sur l’invitation de Daniel Spoerri, Ben s’expose deux semaines dans la vitrine de la galerie ONE à Londres en 1962 dans le cadre du festival des Misfits. Cette performance qui marque son entrée dans l’aventure Fluxus, aborde cette notion de mystification/démystification de l’artiste et de sa re/présentation. C’est aussi ce que fait Spoerri en 1965 quand il propose à la Green Gallery de New York une visite de la chambre 631 qu’il occupe au Chelsea Hotel, donnant « à voir sa chambre comme elle est dans la vie courante, pas comme un souvenir ou un reliquaire[4] ».
Ce n’est donc pas un hasard si chacun recrée leurs espaces de création/lieux artistiques. Ces installations monumentales et immersives s’opposent à l’esthétique du White Cube, à la rationalisation et à la hiérarchisation de l’art et du savoir au profit d’une accumulation d’objets ordinaires et dérisoires que les artistes font basculer dans une autre dimension par les anecdotes/écritures et récits qu’ils y accolent.
Tout d’abord, ils muséifient les espaces artistiques qu’ils gèrent : Le Coin du Restaurant Spoerri littéralement découpé de son restaurant de Düsseldorf pour sa rétrospective au Stedelijk à Amsterdam en 1971 versus Le Magasin de Ben, reconstitution de son magasin de disques d’occasion à Nice, lieu d’identification majeur pour les artistes entre 1958 et 1972. Cette œuvre, acquise pour les collections du musée national d’art moderne de Paris, est présentée lors de l’exposition « A propos de Nice » orchestrée par Ben sur la scène artistique niçoise pour l’année de l’inauguration du centre Pompidou en 1977. C’est également au centre Pompidou, la même année mais à quelques mois d’intervalle que Daniel Spoerri crée son premier musée sentimental, interrogeant l’aura qui entoure la création par la présentation d’objets quotidiens ayant appartenu à d’illustres artistes comme le coupe-ongles de Brancusi ou la chambre de Vincent Van Gogh.
Ensuite, chacun donne à voir leur antre : La Cambra de Ben créée pour l’inauguration du MAMAC de Nice en 1990 versus La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne de Spoerri conçu Ces reconstitutions de leur lieu de vie et de création fonctionnent comme un ersatz d’atelier dans la lignée des musées de Schwitters, Beuys ou Oldenburg. Ces « boîtes » architecturales d’une dizaine de mètres carrés offrent différents points de vue via des fenêtres ou des portes sur leur intérieur, positionnant le spectateur en voyeur d’un espace-temps passé, figé, qui semble encore habité (en témoigne la boîte aux lettres sur La Cambra ou la radio allumée et l’écriture « maison habituée » sur La Chambre 13). À l’image des Period Rooms évoquant des tranches de vie faussement suspendues, ces « maisons » a
La Cambra [La Chambre en niçois] dit aussi Musée de Ben est une oeuvre évolutive que l’artiste peut à tout moment compléter ou modifier, à l’image de sa maison située sur les hauteurs de Nice. Ce cube aux dominantes noires, rouges et blanches rend compte de la pratique omnivore de l’artiste. Chaque face est envahie d’assemblages d’objets, de citations et d’écritures, consignant ses opinions et prenant à partie le spectateur.
La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne de Spoerri évoque la chambre dans laquelle il a vécu et travaillé à Paris, rue Mouffetard de 1959 à 1965. C’est « le lieu de naissance, en somme, de son identité artistique », une mise en abyme parfaite du piège, dans le lieu même où ce geste/concept a été créé, avec de nombreux anachronismes donnant à voir ses travaux des années 1990 axés sur les « Objets ethno-syncrétiques » et les Investigations criminelles notamment.
En 2021, La Cambra de Ben et La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne e retrouvent dans les collections du MAMAC de Nice, dessinant un trait d’union entre leurs pratiques, deux mouvements phares (le Nouveau Réalisme et Fluxus) et leurs complicités et rivalités. C’est un bonheur pour moi de voir ces deux musées réunis à Nice, ils symbolisent secrètement ma rencontre avec ces deux monuments de l’histoire de l’art qui me touchent par leur simplicité, leur humilité, leur joie de vivre, leur curiosité et leur engagement auprès du dérisoire, leur soutien et intérêt pour les nouvelles générations. Leurs œuvres et leurs regards pétillants m’en apprennent tous les jours un peu plus davantage. Je ne saurai trop les remercier.
Rébecca FRANCOIS
Mars 2022
[1] Déborah Laks, « L’éloge du cœur » in Le théâtre des objets de Daniel Spoerri (cat. dir. Rébecca François), MAMAC, Nice / Silvana Editoriale, p. 31.
[2] Rébecca François, « La Promenade, théâtre d’actions artistiques » in Promenade(S) des Anglais, Lienart/Nice Musées, Paris, 2015 / A propos de Nice. 1947-1977, Somogy, Paris / MAMAC, Nice, 2017.
[3] Daniel Spoerri, Entretien avec Katharina Duwen in Daniel Spoerri. Palettes d’artistes, Bâle, Galerie Klaus. Littmann / Paris, Galerie Beaubourg, 1989, p. 21.
[4] Déborah Laks, Anecdotomania. Spoerri sur Spoerri, Ed. Beaux-Arts de Paris, 2021, coll. Écrits d’artistes, p. 429.
À l’inverse, Ben Vautier, originaire de Naples, arrive à Nice avec sa mère en 1949, après dix années de voyages (Suisse, Turquie, Égypte, Italie). Multipliant les voyages, les échanges et les rencontres, il décide de faire de Nice, le centre de son monde artistique et personnel. Il invite de nombreuses personnalités à créer des gestes, des performances, des débats et des expositions à Nice, dans son Magasin ou sa maison ou tout simplement dans la rue et sur la Promenade des Anglais[2]. Dans une dialectique locale/internationale, il favorise les collaborations, dialogues et transmissions d’informations.
Ben tout comme Spoerri créent leurs propres réseaux, événements et revues, leurs propres lieux, projets collaboratifs et expositions collectives. Citoyens du monde, polyglottes et autodidactes, tous deux partagent ce goût de l’altérité, cette nécessité de dialogue, de débat, de confrontation artistique au-delà des chapelles, des notoriétés, des générations, des hiérarchies, avec un attachement tout particulier aux minorités et aux marginaux. Proche de Fluxus, ils incarnent, chacun à leur manière, ce vent de liberté et cet esprit d’ouverture qui va insuffler avec mai 68. Ils prônent ainsi la participation active/dynamique, la réappropriation/réactivation, la collaboration. L’art de l’assemblage et de l’accumulation d’objets de seconde main, l’importance du dérisoire et du hasard, le goût des mots et des événements rassembleurs et festifs rapprochent ces deux hommes aux caractères bien trempés et biens différents.
Daniel Spoerri et Ben Vautier sont des artistes qui placent au cœur de leur vie et de leur œuvre leurs interactions avec la vie quotidienne et avec le monde (humain et non-humain, vivant et non vivant) avec comme étendard l’anecdote (le contexte, la petite histoire par rapport à la grande histoire, le récit conté, imaginé, rendant inextricable le vrai du faux) pour l’un et son égo (la force et le paradoxe de l’artiste) pour l’autre.
L’histoire de leur trajectoire commune débute à l’été 1961 alors que Spoerri réside quinze jours dans l’appartement de Ben à Nice et y réalise deux œuvres collaboratives évoquant le travail de création artistique.
Le 23 août, Daniel Spoerri enregistre avec son magnétophone, d’abord à l’insu de tou.tes, une conversation sur l’intention d’une œuvre qu’il nomme « Pièce-Piège » : une transcription du tableau-piège dans le monde du théâtre. La scène se déroule dans la cuisine de Ben ; la compagne de Spoerri, Kichka Baticheff, est présente et comprend très rapidement le jeu de Spoerri, tente de le faire démasquer à plusieurs reprises. Cette captation sonore d’une discussion ordinaire sur un projet de création va être retranscrite et rejouée telle quelle au théâtre de Ulm sous le titre Bien maman on va faire ça. Elle est ensuite reprise dans une émission radiophonique totalement loufoque sur France Culture en 1972 où elle est interprétée par des comédiens, puis rejouée, commentée et re-anecdotée par nos deux protagonistes en direct.
Spoerri réalise également lors de ce séjour niçois un Tableau-Piège plus classique mais tout autant significatif. La Table de Ben saisit un morceau de réalité et donne à voir les à-côtés de la création, l’espace de travail, de recherche. Très proche dans son esthétique et sa sobriété de la série « Foires aux puces » plus que de l’univers de Ben, cette œuvre évoque une autre anecdote. La même année, Alberto Giacometti aurait dit à Daniel Spoerri « Eh oui, c'est sur ma table, au beau milieu d'un désordre, que mes sculptures me plaisent le mieux ; dans les expositions, sur des socles, elles me paraissent si nues, si vides de sens[3] ». L’importance du contexte, de l’environnement se cristallise ainsi dès 1961. En janvier 1990, trente ans après la réalisation de cette première table de travail, Spoerri réalise une trentaine d’établis d’artistes en vue de l’exposition « Palettes d’artistes ». La Palette de Ben est créée à cette occasion. On y retrouve tout l’univers de Ben, son bric-à-brac d’objets accumulés, ses écritures blanches sur fond noir, ses jeux de mots. Entre 1961 et 1990, d’autres Tableaux-Pièges réalisés sur « Brevet de garantie » saisiront les activités de Ben dans son atelier.
La constellation Spoerri-Vautier se dessine ainsi dans un rapport à la mise en scène de ce qui entoure l’artiste et l’acte de création. Tous deux vont d’ailleurs performer cette question de la représentation de l’artiste au travail. Sur l’invitation de Daniel Spoerri, Ben s’expose deux semaines dans la vitrine de la galerie ONE à Londres en 1962 dans le cadre du festival des Misfits. Cette performance qui marque son entrée dans l’aventure Fluxus, aborde cette notion de mystification/démystification de l’artiste et de sa re/présentation. C’est aussi ce que fait Spoerri en 1965 quand il propose à la Green Gallery de New York une visite de la chambre 631 qu’il occupe au Chelsea Hotel, donnant « à voir sa chambre comme elle est dans la vie courante, pas comme un souvenir ou un reliquaire[4] ».
Ce n’est donc pas un hasard si chacun recrée leurs espaces de création/lieux artistiques. Ces installations monumentales et immersives s’opposent à l’esthétique du White Cube, à la rationalisation et à la hiérarchisation de l’art et du savoir au profit d’une accumulation d’objets ordinaires et dérisoires que les artistes font basculer dans une autre dimension par les anecdotes/écritures et récits qu’ils y accolent.
Tout d’abord, ils muséifient les espaces artistiques qu’ils gèrent : Le Coin du Restaurant Spoerri littéralement découpé de son restaurant de Düsseldorf pour sa rétrospective au Stedelijk à Amsterdam en 1971 versus Le Magasin de Ben, reconstitution de son magasin de disques d’occasion à Nice, lieu d’identification majeur pour les artistes entre 1958 et 1972. Cette œuvre, acquise pour les collections du musée national d’art moderne de Paris, est présentée lors de l’exposition « A propos de Nice » orchestrée par Ben sur la scène artistique niçoise pour l’année de l’inauguration du centre Pompidou en 1977. C’est également au centre Pompidou, la même année mais à quelques mois d’intervalle que Daniel Spoerri crée son premier musée sentimental, interrogeant l’aura qui entoure la création par la présentation d’objets quotidiens ayant appartenu à d’illustres artistes comme le coupe-ongles de Brancusi ou la chambre de Vincent Van Gogh.
Ensuite, chacun donne à voir leur antre : La Cambra de Ben créée pour l’inauguration du MAMAC de Nice en 1990 versus La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne de Spoerri conçu Ces reconstitutions de leur lieu de vie et de création fonctionnent comme un ersatz d’atelier dans la lignée des musées de Schwitters, Beuys ou Oldenburg. Ces « boîtes » architecturales d’une dizaine de mètres carrés offrent différents points de vue via des fenêtres ou des portes sur leur intérieur, positionnant le spectateur en voyeur d’un espace-temps passé, figé, qui semble encore habité (en témoigne la boîte aux lettres sur La Cambra ou la radio allumée et l’écriture « maison habituée » sur La Chambre 13). À l’image des Period Rooms évoquant des tranches de vie faussement suspendues, ces « maisons » a
La Cambra [La Chambre en niçois] dit aussi Musée de Ben est une oeuvre évolutive que l’artiste peut à tout moment compléter ou modifier, à l’image de sa maison située sur les hauteurs de Nice. Ce cube aux dominantes noires, rouges et blanches rend compte de la pratique omnivore de l’artiste. Chaque face est envahie d’assemblages d’objets, de citations et d’écritures, consignant ses opinions et prenant à partie le spectateur.
La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne de Spoerri évoque la chambre dans laquelle il a vécu et travaillé à Paris, rue Mouffetard de 1959 à 1965. C’est « le lieu de naissance, en somme, de son identité artistique », une mise en abyme parfaite du piège, dans le lieu même où ce geste/concept a été créé, avec de nombreux anachronismes donnant à voir ses travaux des années 1990 axés sur les « Objets ethno-syncrétiques » et les Investigations criminelles notamment.
En 2021, La Cambra de Ben et La Réplique de la Chambre 13 de l’hôtel Carcassonne e retrouvent dans les collections du MAMAC de Nice, dessinant un trait d’union entre leurs pratiques, deux mouvements phares (le Nouveau Réalisme et Fluxus) et leurs complicités et rivalités. C’est un bonheur pour moi de voir ces deux musées réunis à Nice, ils symbolisent secrètement ma rencontre avec ces deux monuments de l’histoire de l’art qui me touchent par leur simplicité, leur humilité, leur joie de vivre, leur curiosité et leur engagement auprès du dérisoire, leur soutien et intérêt pour les nouvelles générations. Leurs œuvres et leurs regards pétillants m’en apprennent tous les jours un peu plus davantage. Je ne saurai trop les remercier.
Rébecca FRANCOIS
Mars 2022
[1] Déborah Laks, « L’éloge du cœur » in Le théâtre des objets de Daniel Spoerri (cat. dir. Rébecca François), MAMAC, Nice / Silvana Editoriale, p. 31.
[2] Rébecca François, « La Promenade, théâtre d’actions artistiques » in Promenade(S) des Anglais, Lienart/Nice Musées, Paris, 2015 / A propos de Nice. 1947-1977, Somogy, Paris / MAMAC, Nice, 2017.
[3] Daniel Spoerri, Entretien avec Katharina Duwen in Daniel Spoerri. Palettes d’artistes, Bâle, Galerie Klaus. Littmann / Paris, Galerie Beaubourg, 1989, p. 21.
[4] Déborah Laks, Anecdotomania. Spoerri sur Spoerri, Ed. Beaux-Arts de Paris, 2021, coll. Écrits d’artistes, p. 429.